LA BATAILLE DE FORMIGNY

        SOLDATS & ORGANISATION DE L'ARMEE en LANCES ET COMPAGNIES

1- COMBIEN DE SOLDATS ?
Il est encore aujourd'hui difficile de donner des chiffres précis, seule une estimation du nombre d'hommes peut être faite. De plus il est délicat de connaître le nombre et la composition des "lances". Les chiffres donnés, ci-dessous, sont une synthèse réalisée  à partir des principaux  ouvrages de la bibliographie.

ANGLAIS
-Kyriel débarque avec 3500 hommes (chiffre qui semble faire l'unanimité...)
-Il est renforcé par, au minimum, 1000 hommes  prélevés sur les garnisons locales, commandés par Gouh (peut être davantage, 1500 à 2000 cavaliers?)
donc un total de 4500 hommes au  minimum avec assez peu de cavaliers et beaucoup d'archers (autour de 2900)

FRANCAIS
-L'armée française commandée par Clermont possède environ 2000 à 3000  hommes, essentiellement des cavaliers

BRETONS
-L'armée bretonne commandée par Richemond part avec environ 300 lances, soit 2000 hommes à pied ou à cheval dont 1200 cavaliers et, environ, 800 archers.



Ces soldats sont, au Moyen Age,  groupés en lances  (différent de l’arme d’hast bien connue et répandue,)

2-ORGANISATION

2-1 CREATION

"L’an mil quatre cent trente neuf
Le feu roi si fit les gens d’armes
Vêtir et habiller de neuf,
Car lors étoient en pauvres termes.
Les uns avoient habits usés
Allant par pièces et lambeaux
Et les autres tout déchirés
Ayant bien besoin de nouveau.
Si les monta et artilla
Le feu roi selon son désir,
Et grandement les rhabilla
Car en cela prenait plaisir."

Martial d’Auvergne,
« Les vigiles de Charles VII », 1439)

La création des compagnies d’ordonnance date de 1445, sous Charles VII, àl’occasion d’une trêve ayant apaisé les guerres de Cent-Ans.L’ordonnance de 1445 est suivie d’ordonnances de 1446 et 1448. Ces ordonnances visent à organiser une armée professionnelle, permanente, dite régulière. Les hommes d’armes perçoivent une solde (qui donnera plus tard le mot soldat) et ne doivent donc commettre ni pillages ni exactions. Lorsque des lances des ordonnances du roi ne guerroyaient pas, et donc gardaient un château ou une ville, elles percevaient une solde dite morte-paye.

L’ordonnance de 1445 ne définit pas seulement l’organisation et la composition de l’armée. Elle précise également l’équipement dont devront être pourvues les troupes : « C’est assavoir les hommes d’armes, montez de chacun trois chevaulx pour eulx, leur vallet et ung paige, tous armez de cuirasses, harnois de jambes et sallades, dagues et espées garnies d’argent et lances que portaient les paiges d’un chacun et estoit le dit vallet armé de sallade, brigandines, jacques ou hauberjon et haiche ou guisarme, et avoit chascun des diz hommes d’armes pour lance deux archiers a cheval armés le plus de brigandines, harnois de jambes et sallades, dont plusieurs estoient garnies d'argent, et du moins avoient tous jacques ou bons haubergons ».
Quant aux épées, « les archiers les portent longues, tranchans comme rasouers et sont a deux mains, et ont dagues plus longues que les hommes d’armes ne les coutilleux, et tranchent aussi comme rasouers »
En ce qui concerne les coutilliers, si certains sont armés, comme le signalent Berry ou Chartier, d’une hache ou d’une guisarme, beaucoup « portent vouluntier en leur main une faczon de dardres qui ont le fer large que l'en appelle langue de bœuf »

source pfef.free.fr/

Lors de leur création, les lances ne retinrent que la moitié des aventuriers qui les précédaient. Les ordonnances eurent l’avantage de
diminuer le nombre des combattants, les coûts afférents, et d’éliminer les seigneurs en sédition avec le royaume.
Une raison de la création des compagnies régulières fut aussi de mettre fin à l’individualisme des seigneurs féodaux parfois synonyme de désordres lors des
combats, comme ce fut le cas à Crécy (1346) puis à Azincourt (1415) et de l’instabilité des mercenaires comme à Marignan (1515).
Dans les coûts d’une lance il ne faut pas oublier des valets supplémentaires, l’équipement et le ravitaillement.


2-2 LANCE
Une lance, unité tactique,  est composée de six hommes (puis en moyenne de cinq à huit hommes) soit :
-un lancier avec son  page ou valet ("varlet),
-un
(ou deux)  coutilier (ou piquiers)
-(deux ou) trois archers ou arbalétriers.


Dans une lance, tous chevauchent pour se déplacer, mais combattent à pied.

-Les archers pouvaient tout autant être équipés d'arcs que d'arbalètes et combattre aussi bien à pied qu'à cheval.
-Le coutilier est un fantassin, il tient son nom de la costille ou coutille qui est l'arme d'hast constitué d'un fer court et large monté sur une hampe. Il sera ensuite équipé de toute sorte d'arme d'hast au gré des modes et des tactiques, fauchards, guisarmes, pertuisanes, piques, vouges etc.
-Le lancier, souvent appelé "sergent d'armes" ou "maître", commande la lance. En France, c'est souvent un jeune noble, bachelier futur chevalier, cadet de maison noble en quête de reconnaissance et d’attribution d’un fief. Il est qualifié d’homme d’armes et est le seul complètement équipé : armure de plates (dite harnois blanc) jambières, cuissards et brassards, casque à visière (salade), épée et lance. Une armure de plates était composée de plaques de fer attachées sur des pièces de cuir qui permettait une articulation.

Mais un tel équipement coûtait très cher. Aussi au XVe siècle n’était-il pas rare de trouver de jeunes nobles comme archer, moins équipé que le lancier, et
conservant la capacité de devenir homme d’armes.

Selon les époques la composition des lances a varié. En général une lance a été composée d’un sergent d’armes ou lancier, de deux ou trois archers ou arbalétriers, d’un ou deux piquiers ou coutiliers (armés de la coutille et de la miséricorde pour achever l’ennemi blessé), d’un page ou valet (varlet).

Selon les moyens financiers du seigneur, les hommes d’armes étaient plus ou moins nombreux, plus ou moins bien armés et protégés, montés ou à pied.

Un chevalier puissant pouvait être capitaine de plusieurs lances de sa propre compagnie, et, en plus de celles-ci, capitaine de lances dites garnies, des
ordonnances du roi ou d’un seigneur plus puissant, comte, duc, etc.



2-3 COMPAGNIE
En 1445 une compagnie est constituée de 100 lances donc un ensemble d'environ  600 hommes. Pages et valets ne combattent pas, donc c’est plutôt de 500 hommes en armes qu’il faut parler.

Les compagnies ainsi constituées, dont l'unité de base était la lance, étaient essentiellement composées de cavaliers pour les déplacements mais de piétons
pour le combat.
Les compagnies étaient menées par un seigneur qualifié de capitaine, titré bachelier, chevalier, chevalier banneret ou baron.Le chevalier combat à cheval, ainsi éventuellement que le lancier.

Les chevaliers dits capitaines n’étaient pas toujours mêlés aux touillis (combats). Lorsqu’ils l’étaient leur équipement lourd entravait leurs mouvements et les
casques réduisaient leur champ de vision. Un chevalier gardait autour de lui ses meilleurs sergents et hommes d’armes. Les combattants n’étaient pas revêtus d’uniformes. Bannières et tabard armoriés aidaient à suivre le chevalier, tandis que des badges portés sur les gambisons ou les cottes distinguaient les hommes.
Le cri permettait aussi aux hommes de s’identifier. On criait le nom du capitaine ou celui de la maison noble du chef de la bataille, ou celui des saints protecteurs.


2-4 EXEMPLES


Lance du XIVème siècle  Lance du XV ème siècle:




En tête, de gauche à droite,
-Le Destrier, tenu par la bride par le jeune Page.
-le Chevalier sur son palefroi ou Ambleur. L'Amble, allure beaucoup moins fatigante pour le cavalier, était obtenu par dressage ou par l'exploitation des dispositions de l'animal.
- l'Ecuyer portant le heaume, l'écu et la lance du chevalier. Il monte un roussin ou roncin. Son propre casque, une barbute, est fixé derrière la selle.

En seconde ligne,

-le Coutiller montant un coursier, sorte de palefroi vif et puissant. Il est armé de la coutille, arme intermédiaire entre la dague et l'épée.
- un des six archers sur son courtaud, armé d'un braquemart inspiré du cimeterre oriental. Légèrement courbe, on le nommait badelaire, baudelaire ou encore basilaire.
-Puis, le valet sur son bidet. Il est armé d'un épieu et d'un badelaire nommé aussi coutelas.


En troisième ligne
-La Haquenée du gobelet, une jument avec son bât spécial pour les provisions de bouche du chevalier. Les hommes d'armes ne montaient que des chevaux mâles.
-le sommier ou bidet portant les bagages.
-Fantassins portant l'anicroche ou la saquebute mais pouvant aussi avoir une vouge ou de l'artillerie légère, un arc ou une arbalète. Ils pouvaient se retrouver à six ou huit piétons.


En tête, de gauche à droite,
-
Capitaine :Homme d’armes, chef de lance. Il porte une armure gothique de style milanais pesant 35 kilos, un  « couteau taillant »,  qui pend à l’arçon, une masse d’armes (armes réglementaires)
-Page : Il porte la lance de son maître et lui sert de valet tout en apprenant le métier des armes.

En seconde ligne,
-Coutiller: un écuyer armé, équipé et monté aux frais du chef de lance. Il porte une demi-lance à fer dite « langue de bœuf » et « arme de coutille ».
- Trois archers à cheval utilisant l’arc ou l’arbalète, parfois la coulevrine. Equipés avec dague, un perce-mailles ou brise-cuirasse,
épée de type « à deux mains » ou « à une main et demie » dite aussi « bâtarde », suspendue au côté droit de l’arçon de la selle.


En troisième ligne
-Arbalétrier
-Coulevrinier
-Piquier. L’épée est du type réservé à la piétaille, dite « passot » ou « épée de passot » ou encore « couteau de passe » avec une pointe aiguë formée par le fuyant des tranchants. Le troisième personnage porte une boce ou bocète, un petit bouclier de corps à corps nommé aussi rondelle à poing.

SOURCES

amisdallegre (pdf)

lacsdamour

pfef.free.fr/